La plupart des auteurs des opérations récentes et moins récentes en Cisjordanie occupée sont des habitants du village de Kobar, peuplé de 4 500 habitants, dont une bonne partie ont passé leurs jours dans les geôles israéliennes pour avoir mené des attaques contre les militaires israéliens. Animé de l’idéologie du Hamas, ce village à la fois sous contrôle d’Israël et de l’Autorité autonome fait très peur aux colons et il se peut bien qu’il soit le déclencheur d’un grand changement.
Nadav Shragai, un analyste du journal Israel Hayom, vient d’écrire : « Le Hamas a repris ses opérations contre les positions israéliennes en Cisjordanie, des opérations qui représentent des intérêts multiples pour ce mouvement palestinien. Ces derniers jours, Ramallah, le chef-lieu de l’Autorité autonome, est devenue le principal lieu d’exécution d’opérations martyres. Celle ville a été témoin ces dernières années d’une augmentation des constructions de bâtiments, de banques, de centres commerciaux, d’institutions internationales, d’ambassades étrangères et de tours de 20 étages. »
La ville de Ramallah et ses villages environnants, qui ont connu une augmentation des opérations armées ces derniers jours, constituent le centre économique et politique de l’Autorité autonome palestinienne et les responsables palestiniens de la ville coopèrent clairement avec Israël. Or, ces derniers jours, la ville est devenue une scène de chasse et de poursuite contre le groupe palestinien auteur des opérations d’Ofra et de Givat Assaf, lors desquelles des militaires israéliens ont été ciblés.
Au plus fort de la coopération en matière de sécurité entre l’Autorité autonome et Israël, à Ramallah, les raids massifs, les fermetures des rues, les perquisitions à domicile et les tirs sur les manifestants ont lieu quotidiennement.
Or, au milieu des colonies de Halamish, de Nahleil et d’Ateret, il y a le village de Kobar dont sont originaires un grand nombre d’auteurs d’opérations martyres. En octobre 2011, le village de Kobar a fêté la libération de quatre otages palestiniens dans le cadre d’une affaire d’échange d’otages. Parmi eux il y avait Naël et Fakhri, qui avaient passé plus de 30 ans en prison.
Dans ce village, nous sommes en fait face à des familles éduquées à la défense contre les militaires israéliens, dont certaines ont passé des années derrière les barreaux et d’autres ont été tuées dans les geôles du régime d’occupation.
Et, ces jours-ci, le village de Kobar est devenu le centre d’intérêt des médias parce que l’on a découvert que Saleh al-Barghouti, le Palestinien de 29 ans responsable de l’opération d’Ofra qui a permis de blesser sept Israéliens, en était un habitant.
Saleh al-Barghouti est le fils d’Omar al-Barghouti, l’un des dirigeants du Hamas en Cisjordanie. Son oncle, Jalal, a été condamné à neuf reprises à la prison à vie. Ce dernier, qui a été libéré lors d’un l’échange de prisonniers, est celui que l’on accuse d’avoir orchestré l’opération Ofra. Parmi les autres habitants du village, il y a Marwan al-Barghouti, un leader palestinien condamné à cinq reprises à la réclusion à perpétuité et actuellement en prison.
On pourrait établir une longue liste de jeunes de ce village qui ont mené des attaques meurtrières contre les militaires israéliens, comme Omar Abdeljalil et Mohammed Tareg. Les habitants de Kobar sont fiers de leurs 15 martyrs, de leurs dizaines de blessés et de leurs certaines d’otages, pour un village qui compte au total 4 500 habitants.
Kobar est situé dans la zone B de la Cisjordanie. Israël en assume le contrôle sécuritaire et l’Autorité autonome gère ses affaires civiles.
Ses principaux centres éducatifs et religieux sont situés dans la zone C de la Cisjordanie, qui est sous le contrôle et sécuritaire et civil des Israéliens. Il y a plusieurs écoles et quatre mosquées dans la région et c’est le principal site de lancement du mouvement BDS (Boycott, Divestment and Sanctions), lancé contre Israël et dont Omar al-Barghouti en est l’un des initiateurs.
Les habitants de Kobar considèrent la formation d’Israël comme une catastrophe et le Hamas, qui cherche à détruire Israël, constitue le principal modèle idéologique et politique à suivre pour les Kobaris. Selon l’analyste israélien Nadav Shragai, ces dernières années, le Hamas a créé et exploité des cellules dormantes en Cisjordanie, car il considère cette région comme le champ le plus important et le plus décisif dans la bataille qu’il faut engager contre Israël. Shragai affirme que la Résistance palestinienne à Gaza dispose d’une double carte militaire : les soldats israéliens à capturer par les Cisjordaniens au cœur des colonies, dont la capture du soldat Shalit a fait école en la matière, mais aussi le pilotage d’opérations anti-israéliennes par les dirigeants de la Résistance qui sont à l’extérieur de la Palestine et qui savent comment prendre contact avec les groupes, les structures voire les pays qui partagent leur cause.